Présentation d'un des travaux de l'anarcho-syndicalisme.
Économie : le salariat & ses
conséquences
"Usines à la campagne", "small is beautiful",
"P.M.E. à visage humain", durant les dernières décennies, les
promoteurs du libéralisme nous affirmaient que le monde économique serait
composé de petites unités décentralisées et conviviales. Mensonge et imposture,
nous sommes en fait dans une étape historique qui est le contraire des discours
lénifiants. Nous sommes entrés dans une période d'accélération des fusions, des
rachats, des absorptions. Les mêmes promoteurs du libéralisme qualifient cela
de globalisation nécessaire pour faire face à la compétition économique
internationale. Cette globalisation est largement entamée pour la construction
et le transport aérien, l'industrie pharmaceutique, l'informatique, les
produits bancaires ... et demain, même chose pour l'automobile, les
télécommunications... etc. Le capitalisme est en train de constituer des
conglomérats universels qui n'ont rien à envier aux anciens combinats des temps
anciens du capitalisme sauvage ou d'Etat. La compétition va être féroce. Que
pèseront les fournisseurs de travail, c'est-à-dire les salariés, c'est-à-dire
nous ? Peu de chose, ou plus exactement un paramètre, une pesanteur, une
contrainte financière froidement banalisée.
Pour eux, le salaire pèse peu ; pour nous, il reste la condition de notre
subsistance. Pour nous, il est la condition de notre nourriture et de notre
repos, pour eux, il est un handicap potentiel pour leurs bénéfices et leurs
parts de marché.
Quelle vie voulons-nous ? Si nous espérons préparer une lutte finale pour un
autre futur, il est indispensable de prendre au préalable le temps de regarder,
d'analyser ce monde que l'on nous impose. Comprendre le salariat, servitude
volontaire des temps modernes, est une première condition pour construire une
véritable alternative.
L'évolution de la productivité s'est accompagnée de mutations
socioprofessionnelles. Des anciens métiers ont disparu, d'autres apparaissent,
ce qui est logique.
Mais, si les emplois sont différents, cela correspond aussi à une tendance à
la marchandisation : des sphères d'activités humaines qui échappaient autrefois
aux phénomènes des marchés et des prix et où prédominaient gratuité et
bénévolat rentrent dans le circuit économique. Ainsi, la culture, le sport ou
le syndicalisme institutionnel et les associations deviennent des
"gisements d'emploi" à part entière.
D'autres secteurs dont le développement accompagne le système, comme la
"sécurité" ou le tourisme sexuel, brassent des chiffres d'affaire de
plus en plus importants. Ce système continue donc de créer, voire d'inventer,
des emplois ; cela nourrit le mécanisme de la création de marchés internes qui
ouvre le champ de la consommation en échange de ces emplois. Cela évite une
trop grande contraction de la demande, qui, si elle restait basée sur les
revenus salariaux issus de la production de biens matériels, serait trop faible
pour une offre de plus en plus massive.
Cette évolution préserve, tant que faire se peut les principales
caractéristiques de notre mode le production ; à savoir que l'individu reste
l'outil d'un développement économique qu'il ne choisit pas. Quels que soient
les termes employés par les sociologues (travail, emploi, entreprise
individuelle...), le lien social qui relie l'individu au système va conserver
les principales caractéristiques du salariat.
Caractéristiques du salariat
Le salariat ne se définit pas par l'existence d'une feuille de salaire.
C'est avant tout un contrat qui lie le salarié à son patron. La jurisprudence
le désigne comme "une convention par laquelle une personne s'engage à
mettre son activité à la disposition d'une autre, sous la subordination de
laquelle elle se place, moyennant une rémunération".
Il existe donc bien deux parties qui vont rassembler deux groupes sociaux
bien distincts par rapport à ce contrat :- Le premier groupe peut
octroyer du travail et un revenu. Ce groupe détient les moyens de production
(technologie...), de distribution (infrastructures économiques, transports...)
et d'échange (création de masses monétaires...).- Le deuxième groupe
rassemble ceux qui n'ont que leur temps ou leur travail à échanger. (et, en
fait)
II est clair que le premier est dominant sur le deuxième. Les deux groupes
sont mis en rapport par un lien économique de domination. Mais ce lien va
dépasser le champ économique pour s'exercer au niveau idéologique par des
tendances qui vont faire pression sur la société. L'ensemble de ces tendances
détermine une idéologie. Cette idéologie obéit actuellement à la logique
économique du profit maximum. Cette idéologie dominante est l'idéologie de la
soumission. Elle permet le développement actuel du capitalisme, c'est-à-dire
l'accumulation de biens et de richesses au profit du groupe dominant. Elle
caractérise un mode de production.
Dans ce mode de production, le salariat n'est qu'une convention permettant
de déterminer le rapport de production, c'est-à-dire, la part effective de la
production qui va revenir au groupe dominé.
Le salariat présente trois piliers sur lesquels s'appuie ce mode de
production :
- subordination économique (lien salarial),
- hiérarchies salariales,
- individualisation du contrat de travail : existence de
"catégories" différentes, avec des statuts différents (grille des
fonctionnaires...), évoluant vers le contrat individuel.
Le rapport des forces entre les deux groupes va modifier quantitativement
ces trois piliers. Mais, s'il ne remet par leur existence en cause, ils feront
toujours pencher la balance, à la moindre inattention, du côté dominant.
Soumission & flexibilité
Les trois piliers sur lesquels s'est bâti le salariat sont aussi des
tendances de l'organisation sociale. A l'échelle de la société, elles
s'expriment de la manière suivante :
- dépendance économique (que l'on songe à la situation du RMIste par
exemple),
- obéissance sociale (par exemple, pouvoir de la mode sur les enfants...),
- isolement psychologique (déstructuration des individus...).
Cet ensemble de tendances est véhiculé par des vecteurs qui sont les médias,
l'éducation nationale... qui reproduisent ces schémas et les favorisent. Ces
tendances apparaissent alors comme "normales" aux populations qui
vivent suivant des normes imposées par ces trois piliers.
La résultante à tous les niveaux de ces tendances, c'est la soumission comme
lien dans l'entreprise et dans la société.
La flexibilité, conséquence de cette soumission (interne à l'entreprise ou
externe à celle-ci) est un aménagement du rapport de production, soit, au
niveau interne une tendance à l'individualisation du contrat de travail, soit,
au niveau externe, une tendance à l'individualisation des conditions de vie
(travail, pas travail par épisodes, par tranches de vie...).
Si au coeur du problème du travail il y a l'emploi, c'est parce que le
revenu, la condition d'existence de l'individu en dépendent. Si au cœur du
problème de l'emploi il y a le salariat, c'est parce que dans celui-ci, il y a
le cadre idéologique dans lequel évolue le rapport de production
(subordination, hiérarchie, individualisation....).
C'est la conjugaison de ces facteurs qui permet au système d'imposer 'la
flexibilité qui est un aménagement du rapport de production en faveur du mode
de production. La flexibilité est donc inscrite dans le salariat.
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