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ikofanu around the world
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6 juillet 2005

A quand la fin du reporter de rue ?

D’après l’article de Gilles DAL (micro-trottoirs sans intérêt, Libération du 20/06/05)

« Les micro-trottoirs sont une plaie du journalisme ». voici une introduction critique qui n’a rien de journalistique ni sur le fond, ni sur la forme. Sans aucun doute parce qu’elle provient d’un article pas comme les autres. Ici, rien d’anecdotique, mais de la réflexion concrète digne des dernières pages d’un Libé. Rebond qui ne rebondit pourtant sur aucune actualité particulière. Comme quoi, ainsi que Gilles Dal le démontre, qu’importe l’information à donner, il y a toujours quelque chose à critiquer  à la lecture d’un journal, et le travail d’un journaliste en particulier... C’est pourquoi je me permettrai d’ajouter quelques pierres à la critique déconstructiviste du journalisme sous les formes qu’il tend à prendre actuellement, et ceci pour le prévenir de ses dérives déviantes qui le sabordent.

Plus que le micro-trottoir en effet, l’évènementiel, élément réducteur et commercial de l’événement, est inutile à la société bien que plus que nécessaire aujourd’hui au système de production.

Pourquoi alors est produite l’information ? la cible reste certes la société mais qui récolte les fruits de l’information ? sommes-nous vraiment informés ? l’événement même aujourd’hui ne suffit plus quand il est limité au fait divers banalisé quand il n’est pas analysé et argumenté. Seul l’article essai comme celui-ci est vraiment utile car informationnel et non pas « informatisant ».

Les journalistes ne peuvent plus se limiter à partir d’un fait mais doivent pratiquer une réelle auto-critique de leur travail (rmq : ce n’est pas un journaliste qui a rédigé cet article mais un docteur en histoire. Les intellectuels, l’avenir des journalistes ? c’est en tout cas ce qu’ils ont toujours voulu paraître et c’est tel qu’ils devraient donc être…). Une remise en cause nécessaire car salutaire.

Tout d’abord, il ne suffit pas d’ « obtenir confirmation de ce que l’on sait déjà » ni de  « montrer les effets d’un événement sur le vécu des gens ». c’est l’évènement qu’il faut analyser ! recentrer l’information sur l’événement et non sur les émotions qui dispersent l’information. Le but de l’information est de comprendre l’événement, pas de le spectaculariser, ni de le personnaliser ou de l’ « humaniser » comme le dit l’auteur, mais bien souvent l’objectivité perd de sa rigueur sous cette forme laxiste de recueil d’informations. Inutile d’en faire un divertissement… l’information n’est pas faite pour nous divertir, quelque soit la tension qu’elle engendre, quelque soit le média qui la présente, et quelqu’en soit l’enjeu, si objectivité il y a. Pourquoi devrait-on épargner les âmes sensibles ? au nom de quoi ? d’une meilleure communication selon la théorie psychanalytique qui veut qu’un langage sans passion, sans émotions soit plus perceptible, plus clair, non brouillé par des parasites des troubles émotionnels, et donc plus compréhensibles (en effet, ce que l’on conçoit bien, s’énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément disait Boileau, mais dans ce cas, cela signifie que ce sont les journalistes qui, pour éviter leur trouble, dans le but d’une plus grande objectivité, mettraient en scène l’événement ? voici un paradoxe tout à fait original) ? l’information doit nous ouvrir au monde, développer notre perception des phénomènes sociétaux, et non rendre notre vue flouée (floutée) par ce que nous pensons savoir, c’est-à-dire par nos propres préjugés … un préjugé ne vaut en principe et objectivement que dans le seul but de le dépasser. Je crois que les journalistes ont confondu les buts et les moyens, ce que se doit de remarquer et critiquer tout philosophe. Mais les journalistes ne sont pas forcément philosophes. Ce sont avant tout des journalistes de trottoirs, des « reporters » qui se donnent pour but de « sentir » mais aussi, on l’apprend, de faire ressentir la tendance. Mais dans quel but (pour bien montrer que ce ne peut être une finalité…) ? celui de l’information au public ? ou bien un service aux entreprises ?

Cerner les motivations, les tendances, chercher à comprendre les consommateurs de médias, il est vrai, est une activité parallèle au journalisme dont la frontière semble de plus en plus ténue. Et tout ceci pourrait ressembler à s’y méprendre à des enjeux côtés en bourse sans pour autant se sentir concerné ni même le percevoir. Depuis quand les médias seraient-ils sous-traitantes d’un holding financier ? De l’information à la communication, il n’y a souvent qu’un pas, et quand celle-ci est au diapason des règles du marché, on s’approche fortement de la communication d’entreprise. Il suffit malheureusement de constater qui dirige les grands groupes médiatiques et de faire le lien avec leur potentiel actionnarial (leur cotation en bourse) pour se dire que tout ceci n’a rien de politique, ni de démocratique, mais que tout est économique, de marché et donc libéral. Même Libération.

A bon entendeur,

A. SABATIER

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  • La pensée libre. Un autre regard sur le monde et sur soi-même, et pas des plus conventionnels : il faut aller soi-même devant les évènements et ne pas attendre leur médiatisation. Ma philosophie: l'information par le peuple.
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